KATUMBI FAIT SON MARKETING POLITIQUE SUR LE DRAME DE L’EST (Billet)

« Si j’étais au pouvoir, on serait déjà sorti de cette misère. J’aurais pu installer mon quartier général ici ». Ainsi s’exprimait Moïse Katumbi dans un meeting samedi dernier à Goma où il est arrivé après quelques tentatives infructueuses. A califourchon sur le « thème en vogue » par ici, à savoir la lutte contre les groupes armés, l’ancien Gouverneur de l’ex-Katanga ne s’est embarrassé d’aucune retenue face à toutes ces vies fauchées d’heure en heure pour mener ouvertement son marketing politique sur le terreau de ce drame vieux de plus de 25 ans et qui implique plusieurs dynamiques tant internes à la RDC qu’externes, au-delà même de la région des grands Lacs.

Ici même également où la population n’est pas encore sortie de la torpeur de l’épidémie de la maladie à virus Ebola, et où se met en place une nouvelle crise inter-ethnique meurtrière dans le Sud-Kivu à côté. C’est donc sur ce terreau de morbidité que Moïse Katumbi lance le bolide de son safari politique avec un discours malheureusement hors de contexte.

Un discours également jugé pour le moins simpliste, basé sur le « JE » personnifiant qui ne laissait aucun doute sur les intentions de l’orateur : il est venu, ici, à la pêche à la ligne. A croire que depuis plus de 25 ans, rien n’est fait et que, depuis tout ce temps également, personne d’autre que lui ne détient le sésame pour le rétablissement de la paix et la sécurité dans le Graben congolais. En tout cas, Katumbi le prétend clairement lorsqu’il dit avoir maté les milices maï-maï de Pweto ; sauf qu’il omet de dire que ces mécréants continuent, encore aujourd’hui, d’écumer ce territoire, autant que les bakata-Katanga de la capitale cuprifère qu’il a légués aux Lushois.

Certes, l’ancien magnat des mines du grand Katanga a esquissé quelques pistes de solutions – quoique déjà formulées même par les pêcheurs de sambaza (fretins) du lac Kivu -, notamment l’amélioration du traitement des troupes au front ou l’appel aux jeunes d’abondonner les maquis, mais cela suffit-il ? Cela suffit-il pour un leader – qu’il se réclame – d’aller ouvrir un front politicien là-même où se prépare une offensive imminente contre les différents groupes armés ?

Est-ce vraiment ici et maintenant qu’il était indiqué d’annoncer la création prochaine de son parti politique ? Cela veut-il dire qu’ici c’est d’un parti politique dont a besoin pour éradiquer l’insécurité, vaincre Ebola et pacifier la cohabitation entre communautés ? Autant de questions qu’un bon communicateur était censé se poser avant de calibrer tout discours, même d’un acteur politique.

JEK

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